Préservation et valorisation
du patrimoine matériel et immatériel touareg
Le terme TATRIT désigne en langue tamasheq une « grande étoile particulièrement brillante » associée par extension à l’étoile du matin vénus (cf. Dictionnaire touareg-français, Charles de Foucault, 1ère édition 1951, Édition L’Harmattan, tome 4, 2005 : 1912)
L’association TATRIT est née de rencontres. Au cours de son cursus à l’INALCO (Études berbères), Catherine Vaudour, ethnolinguiste, a rencontré Michel Vallet qui a recueilli de 1957 à 2007 une documentation exceptionnelle sur l’ensemble de la population touarègue. Elle a effectué plusieurs entretiens avec lui dans le but de préserver ses connaissances sur la culture touarègue. Le fonds Michel Vallet représente un patrimoine et un témoignage inestimables sur la vie traditionnelle des Touaregs. Comme beaucoup d’autres populations considérées comme minoritaires dans le monde, la vie et la mémoire culturelle des Touaregs sont depuis longtemps menacées et le contexte actuel n’offre pas de perspective à leur protection.
Une partie du fonds Michel Vallet est exposée par l’association TATRIT à travers des panneaux pédagogiques, des photos, croquis et dessins. C’est une invitation à découvrir la population touarègue autrement où l’art et la culture sont intimement liés. Grace aux dons de Jean Burner, expert en bijoux touaregs anciens, des objets touaregs sont également présentés.

Les « gens de la langue touarègue » Kel-Tamasheq sont des « Berbères » Imaziɣən avec lesquels ils partagent une langue commune à tous, le berbère, ainsi que certaines valeurs fondamentales tout en ayant développé une vision culturelle spécifique. Ceux sont des nomades du désert et pour un petit nombre d’entre eux, qui vivent dans les oasis, des sédentaires. Ils sont traditionnellement organisés politiquement en Confédérations.
Les Touaregs occupent un très vaste territoire formant un ‘triangle’ dont les pointes sont Ghadamès (frontière tuniso-libyenne), le lac Tchad et le Sud-est de la Mauritanie. En dehors de cet espace exclusivement touareg, ils se déplacent sur des territoires alentours où vivent d’autres ethnies comme les Arabes, les Maures, les Peuls, les Songhays et les Haoussas. Ils circulaient autrefois librement dans le Sahara (Algérie et Libye) ainsi que dans le Sahel (Niger, Mali et Burkina-Faso). Leur mode de vie traditionnel pastoral et caravanier ainsi que leurs structures politiques et sociales ont été bouleversés par la colonisation et l’instauration des frontières qui s’en est suivie. Les sécheresses successives (1969 à 1975 ; 1980 à 1984) et la volonté des États en faveur de leur sédentarisation ont aggravé et transformé leurs conditions de vie. Ces dernières sont à nouveau particulièrement difficiles et menacées dans le contexte géopolitique actuel.
Au Tchad et au Soudan vivent des Touaregs d’origine du Sud-est du Niger qui ont fui leur pays lors de la conquête coloniale française (mission Foureau-Lamy en 1898) et des combats qui s’en sont suivis. Ces Touaregs sont rattachés aux administrations de ces pays où ils sont recensés sous l’appellation de Kinines. Il y a, également appelés Kinines, des Touaregs originaires de la Boucle du Niger installés en Arabie Saoudite depuis l’indépendance du Mali (1960).
L’ensemble touareg partage une « identité » tamust culturelle et linguistique avec des particularités régionales (mode d’habitat, tenues…). Cet ensemble est divisé en trois sous groupes, chacun référé à son parler spécifique : les Kel-Tamahaq du Sud de l’Algérie et débordant sur la Libye (Ahaggar et Ajjer), les Kel-Tamašaq au Mali (Adghagh des Ifoghas), les Kel- Tamajaq de l’Aïr du Sud du Niger, les Iwəlləmmədən du Mali et les Touaregs de la Boucle au Burkina-Faso. Les Touaregs parlent aussi la langue officielle du pays où ils résident. Ils comprennent et emploient également les langues des ethnies voisines et celles avec lesquelles ils commercent.
